Il y a deux manières de devenir riche. La première est d’acquérir toujours plus de choses, la seconde est d’en désirer moins.
— Jackie French Koller
Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de partager avec vous un article coup de gueule. Un
coup de gueule contre la nouvelle
mode du minimalisme. Je m’explique : non pas que je sois contre le minimalisme, bien au contraire. Toutefois, je suis lasse de voir qu’il faut un effet de mode pour que les gens s’y intéressent alors que certains aspects du minimalisme sont du
bon sens.
Être minimaliste, ce n’est pas seulement une mode à suivre pour être tendance. C’est vivre
simplement et choisir de
ne pas se laisser influencer par une société qui nous encourage à acheter toujours plus que nécessaire.
Aller, je vous embarque dans mon mode de vie
simple !
Minimalisme : effet de mode versus manière de vivre
1. Je ne suis pas les tendances
Sur le plan
look, j’aime être bien habillée selon
mes critères. Je ne m’intéresse pas à la mode et je n’ai jamais compris tous ces magazines qui montrent des pages et des pages de pub et des mannequins trop maigres avec des tenues que je ne porterai jamais. Ma
mère est plutôt « décontract’-Décath » depuis qu’elle a eu ma sœur (j’avais 12 ans) et elle ne m’a pas
« appris » à me vêtir, ni à me farder. J’ai dû créer mon
propre style – assez classique en l’occurrence car je trouve plus difficile de prendre des risques quand on n’a pas de
modèle. Souvent d’ailleurs, je découvre un type de vêtement ou de chaussures une fois qu’il n’est plus tendance mais là encore, je me moque d’être en
décalage. Ce qui compte, c’est que je porte ce qui me
plait et dans lequel je me sens bien. C’est le conseil de mon amie Nathalie, conseillère en image (voici
son site), auquel je pense souvent : porter uniquement ce qui vous
représente, ce qui
reflète votre
personnalité.
2. Je ne suis pas une grande consommatrice
Lorsque je sors dans un bar, je ne bois souvent qu’
un verre. Quand je vais au resto avec des amis, je ne prends qu’à manger. Lorsqu’on part en vacances, on fait des
courses pour éviter d’aller au restaurant. Je m’apporte toujours à manger le midi au
travail pour ne pas sortir acheter. Mon budget soldes dépasse rarement
300 € par an (soit environ 150 €/saison). Je dois aller chez Starbuck (ou autre chaîne du genre) environ 1 ou 2 fois/an seulement. J’ai un Smartphone avec forfait internet depuis 2 mois seulement.
Toutefois, n’allez pas croire que je ne suis jamais tentée ! Quand je rentre chez Maison du Monde, j’ai envie de tout acheter ou presque ! Mais comme je sais que je n’ai pas besoin des objets qui me plaisent, je prends
plaisir à les voir et je ressors de la boutique les
mains vides.
3. Je n’ai jamais…
Voici la liste des choses dans que je n’ai jamais consommées ou que je fais moi-même :
- Je n’ai jamais souscrit de prêt à la consommation (d’un naturel prudent, je préfère économiser que dépenser à tout va)
- Je ne suis jamais allée chez l’esthéticienne (l’épilateur électrique est THE accessoire essentiel !)
- Je n’ai jamais fait de manucure professionnelle (je garde mes ongles courts sans vernis, c’est bien plus pratique !)
- Je n’ai jamais fait de couleur ni de mèches (pourquoi choisir de s’abîmer volontairement les cheveux ?)
- Je n’ai jamais fait faire d’ourlet ni de reprise (quand j’étais jeune c’était ma mère qui les faisait et quand j’ai emménagé seule, elle m’a appris à les faire)
- Je n’ai jamais nettoyé de voiture avec un Lavomatic (même à 31 ans, je reste une enfant qui aime jouer avec l’eau quand il fait chaud ! Et le reste de l’année, je n’ai aucun problème avec le fait que la voiture soit poussiéreuse !)
- Je n’ai jamais acheté de cartons pour colis à La Poste (je garde les cartons des colis que je reçois)
Et vous ?
4. Je ne comprends pas les comportements extrêmes
Vous connaissez Vicky du blog
Vivre avec moins ? Quand je regarde ses vidéos youtube, je suis choquée (notamment cette
vidéo) !
Cette québécoise avait plus de
16 000 $ de dettes à 21 ans, simplement en
surconsommant ! Vous imaginez un montant pareil au début de la
vingtaine ?! Si c’est un extrême, quand je vois les comportements consommateurs autour de moi, ou le
succès de sites e-commerce comme
Amazon, je me dis qu’elle reflète davantage la
réalité que ma vie…
En novembre dernier, j’ai pris la
décision de m’acheter un
Smartphone performant pour gérer de manière plus rapide et efficace mes réseaux sociaux. J’ai mis un
mois à valider mon panier sur le site internet parce que je n’avais jamais mis 500€ dans un téléphone. Chaque fois que je me connectais sur le site, je regardais mon panier et me disais « tu pourrais continuer à faire sans ».
Un mode de vie simple lié à une éducation et à une profonde réflexion
Si je suis très contente d’avoir un mode de vie simple aujourd’hui (
avantage notable pour mon
compte bancaire et pour la
planète !), il est aussi le résultat d’une
éducation qui n’a pas toujours été facile à vivre puis d’une longue
réflexion. Toutefois, à présent j’en suis très contente et ce mode de vie me convient parfaitement.
1. Ce que mon père m’a transmis
Deux faits ont marqué mon enfance/adolescence et mon rapport à l’argent et aux objets. Le 1er correspond aux
difficultés financières que mon père a connues quand j’étais petite. Mes parents ont
divorcé alors qu’ils venaient de faire construire leur maison, j’avais 8 ans. Il a souhaité garder la maison seul et pendant des années, il a
jonglé entre son salaire et les traites. À l’époque, je n’avais pas la maturité pour saisir ses difficultés mais je pense qu’inconsciemment je comprenais. Et j’ai
appris à ne pas
réclamer. Mais cet
enseignement indirect était récompensé et je me
souviens encore particulièrement de 2
cadeaux de Noël et de la
joie que j’ai ressentie en déballant les paquets, reçus respectivement à mes 13 et 14 ans : une chaîne hifi et une PlayStation 2 (console à la mode à ce moment-là !)
2. ce que ma mère m’a transmis
Le 2e est la
relation à l’argent que ma mère m’a
transmise. À partir du moment où j’ai eu de l’argent de poche, si je le dépensais, j’avais droit à des remarques
culpabilisantes. Ainsi, dépenser est devenu très tôt pour moi une source de culpabilité. Et je vous garantis que lorsqu’on culpabilise à chaque dépense, on se
restreint beaucoup ! Finalement, on
s’habitue à acheter peu et on se
détache du plaisir d’acheter. J’ai encore du mal aujourd’hui à ne pas ressentir cette culpabilité. Pendant longtemps, même alors que j’étais indépendante financièrement, je lui cachais par exemple lorsque je partais en week-end ou en
vacances, pour éviter les remarques.
La pression sociale est parfois difficile à vivre
1. La peur de l’insécurité financière
La
peur du lendemain liée à l
’insécurité financière s’est trouvé une place de premier choix dans mon cerveau et il est très difficile de la déloger. Elle est liée aux périodes de
chômage et de salaires pas
mirobolants que j’ai vécues et qui m’ont profondément marquée. Pourtant, je savais à ces moments-là, que ma famille était derrière moi en cas de gros pépin. Cette peur est également liée à la pression sociale, notamment de mon entourage familiale. La
croyance c’est : pour vivre heureux, il faut être salarié en CDI. Les autres
formes de travail ne sont pas vraiment reconnues. Difficile d’entreprendre lorsqu’on nous a si longtemps répéter ce genre de croyance… Depuis que je me suis
reconvertie et que je travaille dans l’assurance, j’ai une situation
confortable. J’ai répondu à la pression sociale de manière
favorable et en même temps, j’
essoufle ma peur. Toutefois, cet emploi ne correspond pas au
mode de travail que j’ai envie d’avoir. Et alors que j’ai la chance d’avoir un projet de création d’entreprise, les premières années d’instabilité financière m’
effraient par avance. Et pourtant, je ne suis pas une grande dépensière !
2. Les discours culpabilisants sur la planète
À ces expériences et à une peur du lendemain déjà flagrante, s’ajoute le fait que je suis très (trop)
sensible aux
discours ambiants de culpabilisation par rapport à la planète. Ces
émotions négatives peuvent se transformer en profond
mal-être lors d’un achat ou de la réception d’un cadeau. Et je ne vous dis pas à quel point c’est
décuplé quand je pense à la
surconsommation générale abusive et à ces effets sur la planète… Alors que pourtant, avec mon mode de vie, je prête attention à ma consommation, je suis
raisonnable, j’achète de
seconde main, je
revends/donne les affaires que je n’utilise plus…
Rien n’y fait, je
culpabilise beaucoup si je dois
changer un objet (en l’occurrence en ce moment, mon ordinateur qui a 10 ans et qui va finir par ne plus se rallumer du tout) et que l’ancien va se transformer en
déchet car il n’est pas récupérable. J’ai également développé l’
obsession de ne rien avoir en
double (bon sauf les vêtements et les chaussures !). Si on m’offre un objet que j’ai déjà et dont un seul suffit, je
préfère donner ou revendre. Et je me sens vraiment
mal à l’idée qu’on a fait sortir d’un magasin un objet dont nous n’avons vraiment pas besoin. Ainsi, malgré un mode de vie simple et un grand désencombrement à notre emménagement ensemble, je
désencombre régulièrement soit parce qu’il y avait des objets sur lesquels je n’avais pas encore pris de décision, soit parce que je suis arrivée à convaincre l’Homme de se débarrasser d’une chose à lui qui ne nous est pas utile !
J’ai toujours été
soigneuse avec mes affaires mais à présent c’est pire car j’en viens à ne plus en utiliser certaines pour ne pas les abîmer et éviter de les changer ensuite… Par exemple : j’ai gardé ma carte de transport de Marseille alors que je n’y vis plus depuis 11 ans mais ainsi quand je descends voir ma famille et que je dois prendre le métro, j’ai juste à la recharger. Si je l’oublie et que je dois acheter un ticket, je culpabilise car je trouve que c’est du
gâchis. Je culpabilise même pour les actions des
autres quand je vois que certaines personnes
refusent consciemment de trier leurs déchets !
La difficulté d’un mode de vie simple quand on vit à 2
1. Le rapport aux objets différent d’une personne à l’autre
L’Homme est beaucoup plus
« gadget » que moi. Le dernier en date, dont je
ne comprends pas l’achat, est sa montre connectée. Conséquence quand il reçoit un texto, on entend son téléphone et sa montre sonner, c’est doublement agaçant quand on est chez soi et qu’on veut déconnecter !
On a encore du
chemin à parcourir en discussions et compromis pour nous rejoindre sur ce sujet-là.
2. Le tri des affaires
La
difficulté de désencombrer quand on vit à 2, c’est de trouver que certains objets
de l’autre sont
inutiles et d’avoir envie de les faire sortir de chez soi. Si l’autre n’a pas d’avis, tant mieux mais s’il tient à ses affaires de manière
subjective, ça complique le désencombrement… Ainsi notre début du moment est : « tu veux te débarrasser de toutes mes affaires » dixit l’Homme.
Dur dur de lui faire comprendre diplomatiquement que ça
ne sert à rien de garder des objets qu’il n’utilise jamais ou que ça ne sert à rien d’avoir des objets en
double, voire en
triple. Après, peut-être ne suis-je pas assez objective avec mes affaires ? J’ai pourtant l’impression d’en avoir
éliminé beaucoup plus !
En conclusion
J’espère que ce coup de gueule/témoignage vous aura
aidé dans votre
vision de la vie et de la
consommation. Peut-être vous fera-t-il
réfléchir sur la manière dont votre enfance a
façonné votre relation à l’argent. Cela demande du
courage d’accepter ce que l’on est et du
temps pour changer certains aspects de nous-même que nous n’apprécions pas mais c’est un
beau chemin à emprunter
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